Pourquoi le non-labour?

Effets positifs du travail du sol en non-labour sur les propriétés physiques

On se base sur le fait que le labour, classiquement, fractionne la structure du sol. La lutte contre l’érosion des sols est la première cause de perte de terre arable au monde. Le travail du sol en non-labour assure une couverture permanente du sol par les résidus de cultures précédentes. La tendance des études montre que la circulation d’eau pourrait être améliorée par la porosité accrue d’origine biologique.

Tassement :
Le sol n'est peu ou quasi jamais retourné en non-labour. Cette stabilité physique est certes bénéfique à la vie microbienne mais pour certain sol, l'accumulation des passages d'engins agricoles génère des soucis de tassement. C'est une des raisons pour laquelle tous les types de sols ne conviennent pas forcément au non labour, ou du moins au non labour du sol durant de nombreuses années ( > 5 ans).

MO et C/N :
Sur le site expérimental au nord-est de Vannes, la chambre d'agriculture a mis en place une plateforme d'essai sans labour en rotation maïs/ blé. Au bout de 3 années d'essai, une analyse de sol fût réalisée. Le bilan de MO est correct. Le travail du sol superficiel n'induit pas d'augmentations fulgurantes de MO par rapport au labour. Cependant on en constate des variations locales, à savoir:

  • En surface (0-5 cm); une accumulation de complexe argilo/humique notable, d'avantage de résidus qui élèvent la quantité de MO.
  • En profondeur (>5 cm); la quantité de Mo diminue car le sol n'est pas retourné et la Mo n'ont enfouie.

Globalement le C/N de ce sol limoneux-brunisol est très bon car compris entre 8 et 12.

La minéralisation est correcte. Néanmoins elle est plus réduite en semi direct car on y trouve moins de MO.

Que ce soit le semi direct ou le travail superficiel, l'écart vertical de MO et C/N est plus important que celui du sol labouré. L'accumulation de résidus se fait en surface et ils ne sont pas enfouis profond.

Transfert hydrique, ruissellement et érosion :
Dans certains cas, les apports minéraux et traitements phytosanitaires peuvent se fixer à la matrice minérale (P et K) ou aux matières organiques du sol (pesticides) de surface et devenir d'avantage sujet à l'érosion.
La suppression du labour permet l’apparition d’un plus grand volume de pores reliés entre eux sur la semelle de travail (galeries de vers, racines), ce qui pourrait justifier une bonne nutrition racinaire des plantes.
La gestion de l’eau est plus pertinente . Lors que le temps est sec, le sol est plus humide (limitation de l’évaporation par les résidus de récole, plus grande porosité et la matière organique plus importante). Lors que le temps est humide, l'eau s'infiltre mieux et la rétention est plus importante
A plus grande échelle, cela pourrait réduire les risques d’inondation, de ruissellement et donc de perte en sol dans les régions limoneuses touchées (Haute-Normandie).

Porosité, tassement et développement racinaire :


Labour de printemps avec semis à plat de maïs Décompactage de printemps avec semis à plat de maïs
Sol sablo-limoneux 2.5% humus, pH kcl 5.6
Horizon de surface travaillé par des outils Epaisseur: 22cm, terre fine, affinage excessif, labouré. Présence d'une semelle superficielle dense spécifique des TCSL: zone de compaction, potentiel obstacle au développement des racines et infiltration de l'eau.
Horizon mitoyen, 10 cm épaisseur, profondeur 25cm. Terre foncée riche en humus, compact, peu de macroporosité.
semelle de labour
Semelle de labour présente. Or cela fait 6 ans que la parcelle n'est plus labourée. Persistance des conséquences physique du labour dans l'historique. Présence de traces de dents de décompactage.
Horizons profond ocre à 35 cm sous la surface. Aspect massif sous la couche de terre cultivée. Macroporosité importante:
pas de compaction du sol
Aspect légèrement massif, macroporosité présente:
pas de compaction du sol
Enracinement maïs Colonisation éparse dans l'horizon labouré puis restreint au niveau de la semelle:
colonisation verticale.
Colonisation de l'horizon travaillé et jusqu'à la partie ocre.
Colonisation verticale et d'avantage horizontale.

Ce sol sablo-limoneux s'avère fragile que se soit en labour ou non-labour, la compaction est fréquente sur chaque horizon. Cependant la parcelle en non-labour n'est pas stratifiée d'une manière aussi nette à l'intérieur et à la limite des horizons. La structure verticale du sol est moins tassée, d'avantage aérée et de meilleure portance. C’est un avantage que confère le travail du sol sans labour. Cette différence de compaction induit un développement racinaire plus diffus verticalement. La partie de terre arable apparaît mieux connecter aux horizons sous-jacents en non-labour. Mais cette différence est à nuancer, vis à vis d'autres textures de sol.

Arvalis institut du végétal réalise des essais depuis 20 ans en non-labour et détermine des profils racinaires. Les résultats sont sans appels, la biomasse racinaire en non-labour est très différente de celle en labour conventionnel; supérieur d'environ 20% en surface, moitié moins au niveau de la semelle de labour et quasi identique au-delà. Il existe plusieurs explications:

  • En surface, le sol est beaucoup moins compacte en non labour et les racines se développent mieux horizontalement et verticalement. De ce fait, celles-ci ne cherchent pas à descendre en profondeur pour s'approvisionner en nutriments. (sol riche en surface; résidus, MO, ...).
  • En labour, un sol moins riche en minéraux et fertilisation naturelle provoque le développement vertical des racines (recherche hydrique et minérale plus profonde).

Attention :
Cette étude est en cours depuis 20 ans. Sur un démarrage de non-labour, dans les premières années, les résultats obtenus sont souvent un enracinement moindre en surface car la réaction biologique et physique du sol face au tassement mécanique ne s'est pas encore mise en place.

Résidus de récolte :
La présence de résidus de récoltes non enfouis modifie l'interface sol-air. Cela atténue l'effet gouttes de pluie à la surface, diminue le ruissellement et de ce fait augmente légèrement la quantité d'eau infiltrée. L'évaporation est aussi atténuée car le réchauffement du sol est plus lent.

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