Altération des sols et place du "non-labour" en France

Dégradation des sols cultivés en France

Les sols sont soumis à différentes pressions extérieures qui peuvent influer sur leurs rôles, sur leurs états physiques et sur les échanges (internes et externes).

Petits rappels sur le sol Le sol est une interface entre les différentes composantes des écosystèmes, à savoir la biosphère (végétation), l’atmosphère (air), l’hydrosphère (eau) et la lithosphère. C’est aussi une ressource essentielle, non renouvelable à court terme. Les sols fournissent les éléments indispensables à la production végétale. Pour échanger avec les plantes, les sols doivent présenter des propriétés et des états physiques permettant le stockage et l’infiltration de l’eau, d’ions, de matière organique.

L'érosion des terres agricoles constitue un sujet de préoccupation croissante dans un certain nombre de régions céréalières en France. Des manifestations d'érosion sont en effet observées. Ces préoccupations concernent surtout l'érosion (hydrique et éolienne), … Ces phénomènes, principalement liés à l'impact des gouttes et au ruissellement de l'eau des pluies, se manifestent par un arrachement et un transfert des sédiments qui peuvent s'opérer : dépôts associés, griffures, rigoles et ravines. La localisation peut être liée à la topographie (cuvette), à l'utilisation des sols (passage de pulvérisateur),...

Grandes lignes du processus de dégradation d'un sol

Modification de la flore du sol :
Les organismes du sol représentent de 3 à 5 tonnes par hectare. Avec la sur mécanisation, l’évolution des pratiques culturales et l’évolution classique des sols, la quantité d’organisme du sol a diminué au cours des 50 dernières années.

Minéralisation de la matière organique:
Les premiers horizons des sols ont un rôle particulièrement important vis-à-vis de la nutrition des plantes. Lorsque l’aération et les fracturations augmentent, l’humus des premiers horizons se minéralisent très vite et en grande quantité. Les plantes ont dès lors un surplus de matière organique sous forme d’azote à disposition. Ces éléments libérés s’accumulent dans le sol et figent l’évolution chimique.

Stratification des sols :
Avec le temps, la somme de ces deux phénomènes diminue la rétention en eau et crée des strates au niveau du sol. La répétition d'un travail du sol à une même profondeur accentue cela.

En France, c’est après la seconde guerre mondiale que l’agriculture industrielle se développe. La mécanisation et les intrants, le drainage permettent de cultiver des terrains jusque-là non cultivés. Dans les années 80-90 commencent alors à être mis en évidence des problèmes environnementaux (pollution des eaux, érosion, déséquilibre écologique).

En 2006, l’INRA propose une carte précise relatant le niveau d’érosion des sols en France. L’érosion est le principal souci au niveau des sols et le plus étudié. On note une forte hétérogénéité de potentiel érosif entre les départements. Le sud ouest, la Bretagne, le nord du bassin parisien et la vallée du Rhône possèdent des sols très érodables. Ces zones reflètent une agriculture intensives depuis des années couplé à une spécificité productive (Maïs, arboriculture, élevage intensif). Il existe différents facteurs d’érosion :

  • Texture du sol : les sols limoneux (nord de la France) sont d’avantages sujet à la dégradation des sols sous l'action des pluies, phénomène qu'on appelle battance. Ils passent progressivement d'un état poreux et meuble capable d'infiltrer jusqu'à 50mm/h (« toutes les pluies ») Au moment des labours et semis d'automne, le sol est incapable d'infiltrer plus de 1 à 2 mm/h ruissellement pratiquement à chaque pluie. Les sols sableux du sud ouest sont quand à eux très filtrant (forte macroporosité) et tous éléments apportés en excès s'infiltrent rapidement en profondeur.
  • Culture : les cultures de printemps laissant à nu les sols l’hiver ainsi que les cultures en rangs favorisent l’érosion hydrique notamment.
  • Irrigation : (monoculture maïs sud-ouest, arboriculture vallée du Rhône) L'irrigation accélère la perte verticale de matière ainsi que l’acidification des sols.
  • Historique : On remarque qu'historiquement les grands bassins de productions nationaux spécialisés possèdent une dégradation des sols accélérée. Cela s'explique entre autre par une intensification précoce et post-guerre des moyens de productions.

Somme toute, la dégradation des sols est importante en France et existe belle et bien. Les pratiques culturales possèdent certainement leur part de responsabilité via une intensification et une spécialisation de la production. Maintenant il est difficile de généraliser et d'associer une dégradation d'un sol à un itinéraire technique cultural particulier sachant que bon nombre de paramètres entrent en compte, notamment la composition des sols.

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